L'escamoteur habile, contre l'attention du joueur / de la joueuse, fait passer la balle de droite à gauche puis au centre. Mais, à chaque fois qu'on croit la pointe du doigt, elle disparait comme absorbée par les regards qui croyaient la prendre. L'on flatte l'égo de celui.celle qui pense pouvoir défaire la complexité apparente du hasard : déjouer, c'est déjà jouer, se croire maitre du jeu, c'est ignorer qui joue. Ce combat de l'intelligence, de la clareté, défaisant la complexité, il nous attire, attise nos désirs de résolution de l'énigme / du conflit. Aussi, face à ces processus de clarification transparentistes que la machine automatise, les mouvements anarchistes luttent, tordent les grilles d'un monde qui voudrait leur donner une origine distincte / propre / singulière. Être, plusieurs à la fois, en des points différents, voilà ce qui les rend invisibles aux regards qui voulaient les suivre.
Le web devait nous libérer par des formes hacktivistes, il semble réduire les espaces singuliers de nos luttes, aplatis sous nos yeux.
Doctorant sous la direction de Gwenola Wagon, il pose son regard sur les imaginaires hackeurs, cette facination d'un en dessa réseautique criminalisé. Dérière l'idéal libertarien et l'anarco-capitalisme, le projet d'un État abscent, dissout, laissant libre court aux illegalismes joyeux entre les individus autogérés. La liberté d'un côté, la politique limitante de l'autre, censure, limite, oblige. Le régime politique général surveille et modère des flux qui, pourtant, dès lors qu'on les observent, échappent à nos récits indexatoires / critiques. Aussi, sur les réseaux sans ailleurs, Vincent Bonnefille cherche ces récits de fuite, d'exode vers des réseaux moins publiques, quand le contrôle se ressert, que l'injustice la mise au silence se fait sentir.
https://vincent-bonnefille.fr